En direct de la ligne du diable :
Sachez que cette ligne n'a jamais aussi bien porté son nom ! Les gens étaient comme tous possédés par le Sheitan.
C'était comme si dans l’œuvre de Dieu, la part du diable explosait, détruisant toute traces d'humanité. Cette ligne a de quoi rendre totalement misanthrope, le plus philanthrope d'entre nous !
Aujourd'hui, un homme assez âgé, fait une crise d'épilepsie dans mon wagon.
Il s'évanouit, et gît inconscient au sol.
Immédiatement, je tire la sirène d'alarme, alors que notre train arrivait à quai.
Rapidement deux voyageurs, le porte pour l'évacuer à l'extérieur du wagon.
Ils le dépose trop près des portes du wagon et sa tête heurte la marche du wagon.
Très vite les voyageurs sortent des wagons, pour venir voir ce qu'il se passe.
Alors que je tente de m'approcher de la scène pour porter secours à la victime, je me fais violemment bousculer par des voyageurs curieux.
Le quai de la station Saint-Lazare est à présent noir de monde.
L'un de nos deux sauveteurs, cherche à mettre sur le ventre notre victime inconsciente .
Voyant le danger, je demande à ce qu'on me laisse passer :
- " Je suis secouriste, laissez-moi passer ! Pardon ! "
La foule fait bloc et encercle notre victime. On ne me laisse pas passer.
J'entrevois,notre sauveteur paniqué, entrain d'appeler les secours.
Je lui crie alors :
- " Remettez-le sur le dos! Mais qu'est-ce qui vous a prit de le mettre sur le ventre ?! Vous voulez l’empêcher de respirer? Remettez-le sur le dos ! "
- " Bien, à présent vérifiez s'il respire ! "
*Il refait basculer sur le dos la victime et vérifie sa respiration.*
Puis me répond:
- " C'est bon ! Il respire ! "
De nouveaux voyageurs avides de curiosité malsaine pour cette scène, s'ajoutent à la foule. Ils bousculent pour s'approcher et voir eux aussi,ce pauvre homme à terre.
Une chose est certaine, les voyeurs aux premières loges de l'accident ne céderaient en aucun cas leurs places. Alors, à cette nouvelle vague de bousculade, ils répondent également par une seconde vague de bousculade.
Cette vague de violence a un effet domino sur la foule, et me voilà par terre avec d'autres personnes...
Excédée, je me relève. Je pousse de toutes mes forces, afin de passer, pour aider notre victime.
Les gens me repousse. J'arrive tout juste à me créer un passage.
J'entrevois notre sauveteur en herbe toujours à son poste :
Je lui demande :
- " Il respire, il faut le mettre en P.L.S ."
Il s’affole :
- " Quoi? P.L.S? Hé vas-y, c'est quoi ça ? "
- " Ça veut dire que tu dois le mettre sur le côté ! "
- " Comment je fais ?! Je le mets de quel côté? "
- " Mais putin, c'est pas croyable ! Personne ne peut me laisser passer !
- " Mais oui, laissez-la passer ! "
* échange de sourire. Je le guide pour l'aider à mettre la victime en P.L.S.*
Les pompiers arrivent enfin et prennent le relais.
Je vois que ce n'est toujours pas une raison suffisante pour que la foule se pousse et facilite le passage ....
A bout de nerfs, je décide de ne pas rester une seconde de plus et de rentrer sans plus attendre à pieds.
Alors que je m’apprêtais à quitter le quai, une dame s'adresse au premier wagon, enjouée :
- " Je crois qu'il s'est évanouie. Il va peut-être mourir ! Il faut que je vois ça ! Dit aux autres de venir ! Hé Céline viens voir ce qu'il se passe ! "
.....Je pense que ça se passe de commentaires !
* BIM COUP DE TETE ! *
Le pire dans ce genre d’événements, c'est que la majorité des témoins réagissent ainsi... : parole de secouriste: